J’ai passé, de novembre 2020 à février 2021, quatre mois au rez-de-chaussée du bâtiment 2, rue centrale de la cité des Tilleuls. Je travaillais pour l’association LP4Y, dont la mission est l’inclusion professionnelle et sociale des jeunes adultes issus de l’extrême pauvreté. Agglomérat de 2 700 logements sociaux au Blanc Mesnil (Seine-Saint-Denis), la cité est un village avec ses codes et coutumes. Je ne suis pas de nature intrusive. Mais j’aime me balader et observer les scènes de la vie ordinaire, les routines qui esquissent le portrait de ces femmes et hommes des Tilleuls.
Cette réflexion s’organise autour de 3 épisodes. Voici le second.
Par ici pour découvrir l’épisode 1 : la cité de la peur.
Épisode 2 : les cités, un formidable potentiel pour la France
Mes amis, retenez ceci, il n’y a ni mauvaise herbe ni mauvais homme. Il n’y a que des mauvais cultivateurs.
Victor Hugo
La fenêtre de ma chambre avait comme horizon la “place du village”, un maigre troupeau de boutiques délimitant le point de rendez-vous populaire. Si les Tilleuls avait été une cité grecque au Vème siècle avant JC, j’aurais eu une vue imprenable sur l’Agora. Du petit matin à la nuit tombée, les générations s’y retrouvent, adossées à des canapés de récup, abritées par le parvis d’un hall d’immeuble désaffecté. C’est ici, entre les rayons de soleil des matinées radieuses, les griffes de pluie des après-midi humides, que je réfléchissais à la place des jeunes dans cet univers de béton.
Cultiver c’est faire grandir et les cités forment un jardin fertile. On y compte en France deux fois plus de jeunes de moins de 20 ans que de personnes de plus de 60 ans. 25% des résidents des quartiers en difficulté sont âgés de moins de 14 ans, contre 18 % dans les villes qui les englobent. Les familles nombreuses y sont aussi surreprésentées : la part des ménages de cinq personnes ou plus est de 14 %, près de deux fois plus qu’en dehors. En d’autres mots, la cité est le terrain de vie de jeunes. C’est un formidable potentiel pour la France.
Mais comment faire grandir ces jeunes ? Les éduquer et les responsabiliser ? Il suffit de passer une après-midi avec son petit cousin de 14 ans – fan de Clash Royal et Nekfeu – pour comprendre qu’on a beau tout essayer, quelque chose relève de l’alignement des étoiles (vagabondes?). Certains se sont déjà résignés et vous expliquent, dans la file d’attente de la biocoop, que faire des enfants détruit la planète. Évitons de pareils constats et demandons-nous : que faire pour que les enfants disposent des clés pour devenir les héros de demain ?
Je pense que l’éducation pèse en grande partie dans la balance. Et que les responsables de cette éducation sont :
- Les parents, dignes créateurs, producteurs et éleveurs – ou plus largement la famille
- La nation, alias mère patrie
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Avec la présence des artistes PNL, Disiz La Peste, Heuss L’enfoiré, Zola, Dinos, Dosseh, Remy, Jul, Sofiane, Médine, Guizmo, Milk Coffee & Sugar et Sinik.
1. Et toi, ils font quoi tes parents ?
Le sujet des parents est délicat. Il est difficile de savoir ce qui se passe à la maison. Concernant l’organisation parentale, nous savons que dans les quartiers pauvres, un ménage sur cinq forme une famille monoparentale, contre un sur dix en moyenne en France. Dans plus de 80 % des cas, le parent est une femme.
Mama, t’es ma vie, t’es mon sang,
J’ferai tout pour toi Mama,
Y a des hauts et y a des bas,
Quand tu vas pas mon cœur bat pas.
Cette monoparentalité s’exprime d’aileurs dans les textes des rappeurs, de SCH avec Allo maman, en passant par Jul ou encore IAM et son morceau Une femme seule.
Allo Maman (allo maman, ça va?),
Ça va pas fort j’ai peur du temps,
Allo Maman (t’es au travail?),
J’aime pas tes rides et tes cheveux blancs.
Notre bon sens nous dirait qu’il est plus difficile d’élever un enfant seul – et que c’est aussi toujours mieux que de l’élever à deux dans un cachot. L’écosystème familial influence grandement notre avenir professionnel. Pour dire les choses simplement : ce qui conduit aux études, ce sont des parents qui ont fait des études. Le graphique ci-dessous nous montre par exemple que la moitié des parents des étudiants en école de commerce ou d’ingénieurs sont eux-même cadres supérieurs.
À cela s’ajoute la pression. Une famille de cadres supérieurs, ou de professeurs, a tendance à encourager – parfois imposer – à sa progéniture de faire des études. C’est une case à cocher pour “réussir” sa vie. Nombreux sont les jeunes qui finissent dans des écoles de commerce car c’était le projet des parents. On assiste alors à des situations inédites. Un ami, qui était à l’ESCP, a décidé de tout quitter pour devenir charpentier. Pari audacieux ? Devenir asset manager ne fait peut-être plus rêver tous les jeunes…
La pression existe également dans les quartiers pauvres. Mais elle n’a pas toujours la même finalité. En Indonésie par exemple, les familles qui peinent à finir le mois poussent les jeunes à trouver rapidement du travail afin de contribuer à la caisse de bord. Ce qui ne favorise pas les rêves de “grandes études”. Il semblerait qu’en France les familles pauvres encouragent leur enfants a bien travailler, pour réussir professionnellement et sortir de la pauvreté par l’insertion professionnelle. Je pense que les exemples de réussites manquent dans l’univers des enfants pour qu’ils prennent les rêves de leurs parents au sérieux, nous y reviendrons.
Toujours est-il que, pour assurer qu’une éducation de qualité soit dispensée dans les familles, notre pouvoir d’action est vite limité. Comme l’ONU n’a pas vocation à intervenir dans la politique interne des pays, il est délicat de s’implanter dans les familles pour faire des leçons d’éducation. C’est en dehors de la sphère privée que nous pouvons plus facilement agir et cela relève du devoir de la nation.
2. “Je traverse la rue et je vous trouve un travail”
Si la France est cette mère patrie, éduquer ses enfants, en particulier les plus jeunes, devrait être une priorité. En s’assurant que les jeunes, qui ne sont rien d’autre que les entrepreneurs, pompiers, présidents, policiers, intellectuels, Chief Happiness Manager de demain, puissent construire un avenir à la hauteur des ambitions promises par nos gouvernements. Puis qu’ils aspirent en grandissant à renvoyer l’ascenseur et prendre soin de leur mère patrie en retour.
Alors vous allez me dire “Romain, remballe nous tes utopies à 2 balles, éduquer ses enfants ne suffit pas. Il y a des jeunes qui ont disposé d’une éducation tout à fait correcte et qui finissent par rejoindre Daesh”. C’est vrai, mais vous conviendrez que ce n’est pas la majorité d’entre eux. Recevoir une éducation de qualité, c’est généralement un tremplin vers un futur prospère.
Khey, félicite ta p’tite sœur, elle a pas lâché elle a eu ses diplômes,
Et j’ai entendu qu’elle allait s’marier avec le raclo qui tient l’taxiphone,
Ça s’voit dans ses yeux qu’il est hnine*,
Et que c’est un mec bien, pas de ces rats qui chôment.
Les mauvais résultats du système éducatif dans les cités sont malheureusement bien connus, et ils peuvent s’expliquer en partie par le fait que ce soit les professeurs fraîchement diplômés qui sont envoyés en REP (réseaux d’éducation prioritaire qui sont principalement situés dans les quartiers pauvres). Autrement dit, ce sont les enseignants les moins expérimentés qui se retrouvent devant les classes qui ont le plus besoin d’éducation. Zemmour vous dira : les plus jeunes sont aussi les plus volontaires, les plus dynamiques ». On aurait presque aimé que son raisonnement soit juste quand on constate qu’à 63 ans, Éric ne manque pas non plus d’énergie. Bref. Pourtant le gouvernement essaie d’encourager les enseignants à travailler dans les quartiers pauvres avec notamment des salaires attractifs ou des évolutions plus rapides. Mais les professeurs avec de l’expérience, de la méthode, du leadership, rêvent souvent d’un poste au collège de France plutôt que dans la cité des Tilleuls. Il est vrai que le cadre de vie est indéniablement moins confortable. “Va demander à un prof, père ou mère de famille de 4 gamins, de se taper 2 heures de RER pour se faire insulter” vous dira ce copain qui connait les quartiers populaires à travers quelques medias, politiciens, rappeurs. Car dans les cités, il n’y a jamais passé une nuit. Car de ses habitants, il n’en a jamais côtoyé. Et il n’aura ni tout à fait raison, ni complètement tort. Pourtant, les jeunes des quartiers pauvres seront tout autant citoyens que les fils d’ambassadeurs.
Le fort taux d’absentéisme des élèves et les difficultés liées aux révisions à la maison, car il n’y a pas le confort nécessaire – pas de bureau – ou d’autres priorités – comme s’occuper de sa petite soeur – sont d’autres causes du manque de réussite scolaire.
Malgré une éducation qui peut être perçue comme un frein, les jeunes des cités ne s’arrêtent pas à ça. Comme tous les jeunes – et quelques adultes intrépides – ils ont des rêves, des idoles, des modèles. Qui sont-ils?
Tu veux faire quoi plus tard ?
Chaque jour c’dans c’monde de putes que j’vis,
Chaque jour j’rêve qu’c’est sur la Lune qu’j’me tire,
Dites à la Juge qu’on l’a fait pour survivre,
J’voulais l’monde, j’le veux toujours oh oui.
J’ai eu la chance d’avoir une petite copine ambitieuse. Je ne vous cache pas l’avoir un peu cherché. En effet – et je ne m’octroie pas cette exclusivité – j’apprécie rencontrer des personnalités entreprenantes et inspirantes, qui me tirent vers le haut. Soit. Elle m’a dit un jour pendant une balade en forêt : “Romain, je crois que je suis carriériste ». Je lui réponds qu’il n’y a pas de mal à cela si la quête est noble. Quand on sait qu’on passe 15% de sa vie à travailler (et ⅓ de notre vie à dormir), si vouloir une belle carrière veut dire s’épanouir dans son travail tout en ayant un impact positif sur le monde (qui se définit finalement par l’inverse d’un impact négatif, dont chacun comprend naturellement la définition) cela ne semble pas déraisonnable. D’autant plus quand on peut choisir le métier que l’on souhaite exercer.
Nombreuses sont les personnes qui ont marqué l’histoire et qui ne cherchaient pourtant pas à devenir des références. Pensez vous que Isaac Newton s’admirait dans les flaques d’eau en pensant : un jour, les étudiants de France se creuseront les méninges sur mes équations. Que Marie Curie se prennait en selfie chaque matin, dans l’espoir de faire la couverture des livres de Physique-Chimie ? Ils étaient passionnés, travailleurs, souvent idéalistes. Ils ont cru en leurs projets sans relâche. Et c’est cette détermination qui a payé. C’est pourquoi on observe souvent une bonne dose d’humilité chez les gens les plus brillants. Leur quête n’était pas centrée sur le succès public que le temps leur céda finalement.
À L’inverse, on a vite fait d’oublier les carriéristes qui ne se battent que pour cocher les cases définies par le petit monde des élites du moment. Aujourd’hui c’est le conseil en stratégie, les avocats d’affaires et la startup nation. Demain les chirurgiens transhumanistes ou l’élevage de brebis en zone périurbaine ?
Bref : dans les quartiers pauvres, les jeunes ambitieux ne manquent pas. Le constat est le même en France et partout dans le monde. John Delaporte, co-fondateur de la fédération internationale Life Project 4 Youth Alliance dans laquelle j’évoluais, dont la mission est le développement de solutions innovantes pour l’inclusion professionnelle et sociale des Jeunes, m’a dit qu’il avait créé des “business school” dans les bidonvilles car quand il demandait aux jeunes ce qu’ils voulaient faire, ils répondaient “Businessman !”
Maman, t’as plus à t’inquiéter, j’peux tout porter sur mes épaules,
Et y a que le million d’euros pour récompenser ces années d’charbon.
Les jeunes des cités sont au moins aussi ambitieux et animés par l’envie de gagner de l’argent que n’importe quel jeune, si ce n’est même plus – car ils ont bien compris quels étaient les problèmes de ne pas en avoir assez. Pourtant, en 2018, il fallait 6 générations pour sortir de la pauvreté selon l’OCDE.
Au-delà de l’éducation familiale ou scolaire évoquée précédemment, le manque de modèles se fait aussi cruellement ressentir.
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Quels sont les modèles des jeunes des cités ?
Le prof’ m’a dit « tu veux faire quoi plus tard? »,
Quoi? Comme Zizou, sur l’terrain.
Pour grandir, s’élever, et cela depuis que l’on est nourisson, on s’identifie à des modèles. On imite la courbure des lèvres et les sons de ses proches pour apprendre à parler, leurs mouvements du corps pour apprendre à se déplacer : notre éducation s’inscrit dans un phénomène de mimétisme. Et cela ne s’arrête pas à la petite enfance et aux comportements physiques. Comme nous l’avons dit avec l’influence familiale, les gens que nous côtoyons ont un fort impact sur les personnes que nous devenons. On pourrait aller jusqu’à dire que nous sommes la somme des personnes qui nous entourent.
Quand on est un adulte, on a les perspectives et le recul nécessaires pour prendre comme modèles des personnages éloignés de son écosystème. Nous avons tous autour de nous un fan du Dalaï Lama, de Martin Luther King ou de l’Abbé Pierre. Mais quand on est enfant, adolescent, on prend comme modèles des gens qui composent notre univers.
Au-delà de la famille, comment choisit-on un modèle quand on est au collège ou au lycée ? On prend comme archétype quelqu’un qui représente l’image que l’on se fait de la réussite. Malheureusement, cette réussite est trop vite définie par le succès, le pouvoir et l’argent. À qui la faute ? Les Balkany ont fait plus souvent la couverture des magazines que les policiers qui ont libéré les otages au Bataclan. On a vite fait de se tromper de modèle.
Pour avoir une idée de qui sont les modèles des jeunes, j’ai regardé les posters sur les murs de leur chambre : une mosaïque de sportifs et artistes.
Sportifs & Artistes
Mauvaises fréquentations entraînent les tentations,
Désordonné selon la conseillère de désorientation,
L’école c’est mort, j’redoute que ma rue doute,
Dans l’fond c’est rien à foutre,
Parce que plus tard je s’rais une star du foot.
Dans les cités, le mythe du footballeur est très présent. Tout le monde sait que Zidane a grandi dans les quartiers nord de Marseille. Que Moussa Sissoko a fait ses gammes entre les tours du Blanc-Mesnil dans le 93.
De plus, les politiques des villes ont facilité la construction de terrains de foot dans les quartiers. Pogba disait lui-même dans L’Équipe être un « joueur de City Stade« .
Alors les prétendants au Ballon d’or ne manquent pas. Seulement, la réalité nous éclate vite au visage. Dans le football, il y a beaucoup d’appelés mais très peu d’élus.
L’avantage des carrières de footballeurs, c’est qu’elles commencent tôt. On peut donc rapidement tourner la page quand on réalise que ça ne sera pas possible. Quand on est ambitieux, on ne recule pas devant les premières difficultés. On décide donc de prendre la plume – ou plutôt d’ouvrir l’application Notes sur son smartphone – et d’écrire ses premiers couplets. Nombreux sont les artistes qui font la fierté de leur quartier. Par exemple, la star de la cité des Tilleuls est le rappeur Sofiane qui y a grandi. Les quelques success stories sont très bien entretenues. Ce qui fait également du RAP le moyen d’expression incontournable des cités.
Encore trop jeune pour travailler, plus d’école,
Alors on traîne et on déconne, ici c’est le hall qui distribue les rôles,
J’aimais rapper, mes potes pas trop mais j’ai tenté ma chance,
C’était la première fois que des bouts d’phrases pouvaient quitter ma chambre.
Le rap est né et a grandi dans les quartiers pauvres. C’est encore majoritairement le cas comme le montre cette carte interactive qui recense les villes d’origine des artistes. À l’inverse, le public est partout. Le rap : c’est LA musique du moment et la France a une scène rap qui déborde de productivité. En 2018, les ventes d’album rap de Paris et sa banlieue ont atteint 2,6 millions d’équivalents-album. Ce qui fait de Paris, au coude à coude avec Atlanta, la scène hip-hop la plus dynamique en 2019. Mention spéciale à l’Essonne (91) qui représente la moitié des ventes d’albums de la région parisienne.
C’est quand même formidable toute cette énergie et cette créativité !
Pourtant, tous les jeunes des cités ne peuvent et ne veulent pas devenir rappeur ou footballeur. Alors après la famille, les amis, quels modèles restent-ils ? On arrive au constat suivant : dans les quartiers pauvres, ceux qui restent, dans la catégorie “argent et pouvoir”, sont les dealers.
DrogueTech Nation
Le trafic de drogue est un univers complexe. Il est bien plus rigoureux que ce que l’on pourrait imaginer. Dans un contexte illégal et ultra concurrentiel, avec comme risques la prison ou la violence des conflits d’intérêts, rien n’est laissé au hasard. Les bénéfices sont le fruit d’un long travail collectif.
Pas de contrat, pas de salaire fixe, pas d’assurance, pas de vacances… mais le rêve d’une vie meilleure. Difficile de s’accorder sur les revenus des dealers et d’en faire une estimation par mois car l’activité n’est ni continue ni à taux plein. Voici les chiffres les plus “réalistes” que j’ai pu trouver :
Le Smic par heure est de 10,25 euros soit 82 euros brut pour 8 heures. En vendant de la drogue, même en bas de la pyramide, on gagne donc plus que le Smic et quand on est prêt à ne pas compter les heures, le salaire s’envole.
Mon Dieu c’est la merde, mais déter’, j’fais la guerre,
J’bicrave sept sur sept, H24, en bas du hall, j’ai tant bibi,
Au fond j’ai la haine, mais quand j’m’endors faut qu’je me lève,
J’vi-ser j’ai pas d’heure, quand le tel de mon ient-cli m’fait brr, brr,
Posté dans l’hall, les gens partent au taf,
Peu stupéfaits de voir qu’en revenant, j’suis toujours là.
À noter que si le trafic de drogue est un employeur notable dans les quartiers pauvres, il représente une part économique plutôt faible dans l’économie française (voir infographie ci-dessous). C’est certainement une des raisons pour lesquelles on ne le légalise pas.
Le trafic de drogue permet donc de gagner plus que le smic, dans un cadre illégal et dangereux. Les jeunes y sont recrutés encore mineurs car ils représentes des cibles moins suspicieuses et ont moins de chance de finir en prison (bien que cela soit possible – on peut être incarcéré à partir de 13 ans). Cela leur permet de ramener de l’argent à leur famille, qui ferment parfois les yeux sur son origine : il faut bien remplir l’assiette. Puis, quand on a goûté au plaisir de “l’argent facile”, il est difficile d’en sortir. Les Go-Fast Barcelone – Paris font donc plus rêver que les 35 heures derrière la caisse de Carrefour : que feriez-vous ?
Zigzag sur l’A6, j’ai un colis, copilote khabat sort de condi’,
J’ai toutes les plaques des condés, tous les junkies du même comté.
Conclusion : « Jusqu’ici tout va bien »
Nous pourions retenir que dans les quartiers pauvres il y a de grands artistes, de géniaux footballeurs et de courageux dealers. Ce serait être passé complètement à côté du sujet. Dans les cités, il y a des jeunes, plus que n’importe où ailleurs, qui sont tout autant capables et ambitieux que les jeunes des quartiers plus aisés, mais qui n’arrivent pas à exprimer leur potentiel.
L’absence de perspectives, familiales, éducatives, sociales, professionnelles, forment un filtre qui vient brouiller les rêves de réussite. L’écosystème entier est un piège, qui pousse ses acteurs à avoir le mauvais rôle. Policiers, dealers, professeurs, élèves, voisins, commerçants s’affrontent à la conquête des mêmes idéaux : la sécurité, la santé, le rêve d’une vie plus douce.
Je ne vous raconte rien de révolutionnaire. Personne n’est complètement dupe. Certains préfèrent regarder ailleurs, ou pointer du doigt des cibles faciles auxquelles ils ne comprennent et ne connaissent rien, comme la pauvreté, l’imigration, la religion… n’est-ce pas une manière de se protéger ? La situation, qui dérive vers le naufrage depuis trop longtemps, exige des décisions qui risquent d’être désagréables. Entre la police, les dealers, les jeunes, les vieux, les riches, les pauvres, une solution qui mettra tout le monde d’accord n’existe pas et chacun va devoir ravaler sa fierté. On le sent, on le sait. En advient un profond malaise.
À suivre, Épisode 3 : le spleen des cités.
Y a DMS au placard et j’fais que d’penser à lui,
Des fois, ça m’fait déprimer et j’me déchire à la weed,
Rien n’est tout rose, rien n’est tout noir,
Pour étudier, il faut le vouloir,
Mais moi, j’bicravais dans les couloirs.
Découvrez la playlist Spotify de l’article !
Avec la présence des artistes PNL, Disiz La Peste, Heuss L’enfoiré, Zola, Dinos, Dosseh, Remy, Jul, Sofiane, Médine, Guizmo, Milk Coffee & Sugar et Sinik.
Photo de couverture : Bishop Nast
2 comments
[…] Par ici pour découvrir l’épisode 1 : la cité de la peur ; et l’épisode 2 : Les cités, un formidable potentiel pour la France. […]
Merci!
Entrer dans le paradoxe qui se cache derrière une épreuve : derrière l’ombre se trouve la Lumière Divine du Précieux Sang – Quand le brouillard se lève…
Remercier, prier, offrir et Saint Ange gardien, Coeurs Unis au Précieux Sang ! Avec paix, joie, amour, unité et Espérance, avec force, courage et audace !
Un pour Tous, Tous pour Saintes Plumettes Célestes !
A +++
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