En canoë sur l’Allier – #1 Larguons les amarres !

by Un Contributeur
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En canoë sur l’Allier

 

Gonzague et Erwan sont de ceux qui vivent d’aventures. Tout quitter ne leur fait pas peur . Habillés de courage et d’audace, la tête haute et le regard fier, ils tracent leur chemin sans faire machine arrière. Vous appelez ça une difficulté, ils appellent ça un challenge. Dans ce premier article, nos aventuriers nous comptent les débuts d’une aventure périlleuse : dompter le fleuve le plus sauvage d’Europe. 

 

La genèse du projet

Tout commence d’un rêve fou formulé dans une cour de récré pendant les années du lycée. Je ne sais plus s’ils venaient de lire En canot sur les chemins d’eau du Roi de Jean Raspail ou bien s’ils avaient trop traîné sur Youtube pour regarder des vidéos d’aventures, mais nos deux amis se sont mis en tête de relier leur deux domiciles par voie fluviale. Par manque de moyen et de temps, l’euphorie est redescendu au fil des ans mais le rêve resta là, dans un coin de leurs têtes.

Cinq années passèrent durant lesquelles leur projet fut transplanté, bouturé, taillé, arrosé, bichonné telle une plante dont on a hâte de voir le premier bourgeon et le rêve prit racine. Car…

 

“S’il existe une réalité qui dépasse le rêve, c’est celle-ci : Vivre”

Victor Hugo, Les Misérables

 

 

… et cette maxime, nos deux amis l’ont bien comprise. C’est ainsi qu’ils se lancent dans l’étude de leur futur environnement, l’Allier, car la préparation est essentielle dans ce genre d’aventure. Ils sautent donc d’un satellite à l’autre pour avoir le meilleur angle de vue sur ses moindres méandres, ses barrages et ses dangers. Les voilà griffonnant sur des cartes IGN, qui élaborent des itinéraires, envisagent des étapes, parlent topographie et météo. L’Allier les a conquis et à leur tour ils rêvent d’en faire la conquête.

 

En canoë sur l’Allier

 

L’allier, dernière rivière sauvage d’Europe

Prenant sa source en Margeride dans le département de la Lozère, au Moure de la Gardille à 1485 mètres, l’Allier parcourt 420 kilomètres avant de rejoindre la Loire au Bec d’Allier dans la Nièvre. C’est une rivière encore sauvage dans laquelle certaines institutions continuent d’oeuvrer au maintien des saumons. Les barrages, et en particulier ceux de la Loire, ont contribués à la disparition de ces poissons.

Le lit de l’Allier change régulièrement et crée des méandres et bras mort, ce qui permet à la faune et la flore de se développer. Les zones humides créées par les changements que produit cette rivière font que l’on peut dire qu’elle est “sauvage”. De nombreuses espèces de poissons prospèrent dans ces eaux (truite, tanche, sandre, perche, ombre). Cette abondance, et l’attrait pour ce que certains ont appelé un sport : la pêche, nous a poussé à tenter l’activité des premiers hommes. A chaque fois bredouille, nous aurions mieux fait de nous limiter à la cueillette. 

 

Quand ça ne mord pas, pas de remords

Apparemment, il existe plusieurs techniques pour réussir ces touches en eaux agités. Il est bien plus difficile de pêcher dans une rivière même si celle-ci est poissonneuse à la différence des eaux calmes (étang, lac, port) où, souvent, le poisson mord sans trop se faire attendre. Dans une rivière, il est possible de pêcher à la mouche. C’est une technique très connue mais il faut tout de même avoir le coup de main pour la mettre en place. En ce qui nous concerne, c’est une autre technique que nous avons utilisée.

Les eaux vives sont réservées à la pêche à la mouche, il faut donc trouver des eaux plus calmes pour ne pas s’encombrer avec cette technique douteuse. Il nous faut dénicher des endroits où la rivière laisse sur ses rives un espace d’eau presque stagnante. Il s’agit d’une zone protégée par un amoncellement de troncs, de branches, d’arbres tombés ou bien le début d’un bras mort.. On peut parfois parler de zone lentique, autrement dit d’une zone où le courant est très faible voire inexistant. Il se traduit sous la forme d’une mare, d’un petit étang voire même d’un lac. Il faut dire que nous n’avons pas rencontré de nombreux lieux de la sorte au début de notre voyage.

 

En canoë sur l’Allier

 

Départ en ordre de bataille… 

Nous sommes donc partis de Jumeaux, dans le département du Puy de Dôme. À cet endroit, l’Allier est encore vive. Ses gorges ne sont qu’à quelques kilomètres en amont. Malgré que nous n’ayons pas débuté notre voyage dans les gorges de l’Allier, il faut noter que c’est un endroit remarquable, situé entre la Haute-Loire et la Lozère. La rivière traverse Sainte-Ilpize ou Lavoûte-Chilhac, deux charmants villages qui méritent qu’on s’y arrête pique-niquer. D’ailleurs, la ligne de train Clermont-Ferrand-Nîmes (rien que cela), en oubliant les cinq bonnes heures de trajet, fait découvrir au passager curieux un paysage sauvage et grandiose d’une rivière qui demande tant à être vue. 

Mais revenons à notre voyage et à son départ : Jumeaux. À l’inverse de Sainte-Ilpize, je ne crois pas qu’il soit de bon goût de s’y arrêter pour étaler la nappe et déguster du saucisson.. Que peut-on bien y faire ? Prendre un café place de la Virade ? Je doute que quelqu’un m’ait un jour assuré qu’on y fasse bon office. Se recueillir dans l’église ? Je crois que le dernier qui l’a vu un jour ouverte, a dû mourir il y a bien longtemps. Mais à Jumeaux, s’il y a bien une chose à faire, c’est partir en canoë et c’est justement ce que nous nous apprêtons à faire.

 

En canoë sur l’Allier

 

Qu’est-ce qui nous a poussé à entreprendre un tel voyage ? L’histoire nous a t-elle proposée de partir de Jumeaux ? En effet, au XIXe siècle, l’Allier et sa descente avait tout son sens. Des bateliers transportaient du bois de construction, jusqu’à Nantes, avec des barques à fond plat comme moyen de transport.

 

Focus sur notre compagnon d’aventure

Nos deux amis ont soifs d’aventure et de liberté. Il leur est donc impensable de louer une embarcation ou d’acheter une structure gonflable. À vrai dire ils se sont quand même renseignés sur les possibilités de location mais personne ne proposait leur itinéraire : c’était trop long, trop coûteux et surtout trop risqué. Non, ils voulaient investir dans moyen de transport embarcation qui soit pérenne et qui ne soit pas un frein à leur liberté. Une embarcation qu’ils puissent réparer aussi (ils ne croyaient pas si bien dire… Ep 2 : les ennuis arrivent). 

Arrive alors l’éternel débat : canoë ou kayak ? Rame ou pagaie ? Chacun a ses spécificités. Eux ont finalement opté pour un magnifique kayak TOBAGO 2 places. Tout est dit ci-dessous mais en quelques mots, c’est surtout le choix d’une monture polyvalente, ayant une bonne assise et une contenance permettant plusieurs jours d’autonomie.

 

Kayak

 

Ce kayak a aussi un avantage, c’est qu’il nous rappelle à chaque coup de pagaie quelle est notre destination. Car  notre barque à fond plat n’est qu’un kayak qui n’a pas de fond plat, un kayak de mer en plus. Mais quelle joyeuse embarcation qui en plus a été achetée le jour du débarquement, un 6 juin ! Bien entendu, il fallait rester dans le thème. Cependant, au lieu de venir de la mer, elle sera notre destination…

 

Et tout est fin prêt

Notre voyage compte plusieurs parties. La première, nous l’avons effectuée en à peine cinq jours : Jumeaux-Moulins. Ensuite, l’envie de mener l’aventure plus loin, nous a poussé à continuer jusqu’à Orléans : onze jours. D’ailleurs (attention spoiler !) notre aventure ne s’arrêtera pas à Orléans. Nous quitterons la ville de Jeanne d’Arc pour croiser ce prisonnier de Nantes qui s’est jeté dans la Loire. Vous allez me dire « mensonge, imposteur ! ». Peut-être, mais chaque chose en son temps. Cette aventure, si elle a lieu d’être, n’arrivera pas avant la troisième saison. On entend même dire que les réalisateurs ont en prévu une quatrième.

C’est donc à Jumeaux que commence le récit d’un voyage sur l’Allier et son affluent la Loire. Qu’importe le discours des géographes, dans nos esprit chauvins l’Allier s’est faite aussi grosse que le fleuve. La Loire, ce piètre affluent, termine sa course au Bec d’Allier.

 

En canoë sur l’Allier

 

Gonzague tire à lui la dernière amarre les liant à la terre ferme, Erwan prend un dernier élan. Ça y est l’embarcation s’éloigne, les corps s’équilibrent, les pagaies se synchronisent. Nos deux amis sont partis pour une belle aventure.

À suivre…

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Charte de Fontevrault 22 février 2020 - 14 h 16 min

 » l’Allier et son affluent la Loire. ». Il fallait le faire et c’est un amoureux du Val de loire qui vous le dit.

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